Podcast : Épisode 33, Yuka, est-ce la meilleure application ?
Écoutez l'épisode audio pour devenir expert des applications de scan cosmétiques
- Disponible sur : Épisode 33 : Yuka, est-ce la meilleure application ?
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Résumé de l'épisode :
- Explication du fonctionnement des applications de scan de produits cosmétiques
- Comment fonctionne Yuka ? Quelles sont ses limites ? Y-a-t'il une meilleure application que Yuka ?
- Pourquoi je conseille l'application Claire.
LES APPLICATIONS D'ANALYSES DE COSMÉTIQUES
1. Comment cela fonctionne ?
Les applications d’analyses de cosmétiques sont des applications mobiles qui donnent aux utilisateurs des informations sur les ingrédients contenus dans les cosmétiques et cosmétiques bio.
Ce sont généralement des informations liées à la sécurité du produit. Ces applications sont de plus en plus utilisées et sont populaires en France mais également à l’international, parmi elles : Yuka, Inci Beauty, Clean Beauty, Mireille App pour la France, EWG pour les Etats-Unis, Think Dirty pour le Canada ou Beauty Evolution pour la Chine.
Leurs fonctionnements sont assez similaires. Ce sont des applications que l’on télécharge généralement gratuitement sur son smartphone, et qui ont accès à la fonctionnalité appareil photo du téléphone. À travers l’application, l’utilisateur peut soit scanner le code-barres du cosmétique soit prendre directement en photo la liste d’ingrédients du cosmétique à analyser. L’application donne une note soit sous forme de fraction, sur /100 pour Yuka, /20 pour Inci Beauty, soit à l’aide d’un code couleur, ou des lettres de l’alphabet.
2. LE SCAN DU CODE-BARRES
Lorsque l’application utilise le code-barres, alors l’analyse du cosmétique nécessite que le produit ait été recensé antérieurement.
C'est le cas de Yuka. Dans la plupart des cas, l’application met à contribution l’utilisateur. C’est-à-dire, quand l’utilisateur scanne le code-barres d’un produit qui n’a jamais été recensé, l’application demande à l’utilisateur de rentrer des données relatives à ce produit.
Pour Yuka, il faut scanner le code-barres, indiquer le nom du produit et sa marque, choisir la catégorie du produit parmi une liste, il faut télécharger deux photos : une du produit, une de sa liste d’ingrédient, vérifier la retranscription de la liste d’ingrédient.
L’analyse est très rapide et peut être faîte en une heure. Après cela, tous les utilisateurs qui scanneront les produits auront accès à son analyse : chaque ingrédient est noté avec un code couleur, avec une description qui lui est associée et des catégories.
3. La photo de l'INCI
Si l'application permets de prendre en photo une liste d'ingrédients (INCI ou liste INCI), alors l'analyse est effectuée directement.
Le produit n’a pas besoin d’être référencé au préalable mais il n’y aura pas vraiment de page produit avec le nom, la photo du produit, de formulation, etc.
YUKA : LES DIFFÉRENTES NOTATIONS
1. Présentation & note d'ingrédient
Pour expliquer comment les applications notent les cosmétiques, prenons l'exemple de Yuka, l’application la plus téléchargée en France sur iOS ou sur Android
Elle s’est lancée en janvier 2017 dans l’analyse des produits alimentaires et s’est diversifiée en juin 2018 avec l’analyse de produits cosmétiques. Yuka a une base de données des ingrédients cosmétiques, qu’ils notent selon 4 critères (perturbateur endocrinien, allergène, irritant, cancérogène) et selon 4 niveaux de risques (un risque élevé correspond à une couleur rouge, un risque modéré est représenté par une couleur orange, une couleur jaune correspond à un risque limité et une couleur verte à aucun risque).
D'après eux, l’équipe Yuka se base sur la littérature scientifique pour attribuer les notations par couleur aux ingrédients. C’est une équipe de 11 personnes, qui sont informaticiens ou marketeurs, avec en plus l'aide d’un nutritionniste pour leur blog.
Il y va sans dire qu’il est difficile pour une équipe de 11 personnes qui ne sont pas toxicologue d’analyser en détail la sécurité de milliers d’ingrédients. À savoir qu’au niveau européen, c’est de la délégation du CSSC (Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs) de revoir l’innocuité des ingrédients. C’est un comité composé de plusieurs dizaines de docteurs, de professeurs européens. Autant dire que le travail abattu par l’équipe de Yuka est colossal.
Chaque substances a sa notation particulières, les conservateurs, allergènes et les perturbateurs endocriniens font nettement impacté négativement la note !
2. Notation du cosmétique : les palliers
Après que tous les ingrédients cosmétiques aient été notés, l’application a un algorithme qui donne la note du produit fini en fonction de la note de ses ingrédients.
Le produit fini a une note sur /100. Sa couleur est verte foncée si sa note est entre 75 et 100, elle est verte claire entre 75 et 50, orange entre 50 et 25 et rouge en dessous de 25/100.
L’algorithme est extrêmement sévère car si le produit fini contient un seul ingrédient rouge, même s’il est dans des quantités minimes, alors le produit fini aura une note rouge.
La couleur du produit fini ne pourra pas être meilleure que la couleur de son plus mauvais ingrédient. Si votre gel douche contient un ingrédient orange, alors il sera noté au mieux orange. L’exception est pour les ingrédients dont la couleur est jaune, ils ne forcent pas la note du produit fini à la couleur de l'ingrédient, car il n'y a pas de couleur jaune pour le produit fini.
3. L'algorithme
La méthode de notation change par pallier. En fonction de la couleur, le comptage des points est différent :
- si le produit n’a pas d'ingrédient orange ou rouge alors chaque ingrédient jaune enlèvera 7 points + des malus s’il est noté comme cancérogène ou perturbateur endocrinien.
- si le produit contient au moins un ingrédient orange, il sera au maximum 49 et chaque ingrédient orange additionnel enlèvera 6 points, et chaque ingrédient jaune additionnel enlèvera 2 points, avec toujours des malus pour les ingrédients notés cancérogène ou perturbateur endocriniens.
- si le produit contient au moins un ingrédient rouge, sa note maximale sera de 24/100, etc
LES LIMITATIONS DES APPLICATIONS DE SCAN
1. Les limitations techniques
L'un des plus gros problèmes est l'utilisation du code-barres pour référencer le produit, car celui ci n'assure pas une liste d’ingrédients à jour.
Le code-barres sert normalement au distributeur, et ne garde pas en mémoire des informations spécifique au produit telles que la liste d’ingrédients. C’est l’application mobile qui relie le code-barres et la liste d’ingrédients transmise lors de l'ajout du produit. La marque n’a pas de plateforme à disposition pour indiquer un changement d’ingrédients. Si la marque reformule ses produits, change les listes d’ingrédients mais garde les mêmes code-barres alors l’application ne reflétera pas les nouvelles listes d’ingrédients et vous allez analyser un cosmétique qui n’est pas le bon.
Si l'application n'utilise pas le code-barres, elle demande de prendre en photo la liste d’ingrédients. Ainsi, il se peut que quelques ingrédients ne soient pas reconnus, surtout si l’emballage est cylindrique et que tous les ingrédients ne sont pas présents sur une seule photo.
2. "La dose fait le poison"
En toxicologie, un des principes phares est “la dose fait le poison”. La réponse de notre corps face à une molécule dépend de la dose à laquelle il est exposé. Certaines études montrent que la relation n’est pas toujours linéaire, mais la réponse de notre corps dépend de la dose administrée.
L’eau peut être mortelle, certains sont morts après avoir bu 6 L d’eau. Et l'eau est un des composants majoritaires des cosmétiques, avec de très fortes concentrations. Alors, faudrait-il noter l’eau comme un ingrédient à risque dans les cosmétiques ?
Non, car la voie d’administration et la quantité de cet ingrédient dans les conditions normales d’utilisation des cosmétiques ne correspondent pas à une situation de risque.
Pour évaluer le risque d'un ingrédient dans un cosmétique, il faut avoir accès à sa concentration au sein de la formule. Les applications mobiles d’analyse de cosmétiques n’ont évidemment pas accès à la formule confidentielles et sont incapables d’évaluer le risque des ingrédients dans les produits.
Heureusement, c’est le travail d’un toxicologue qui intervient obligatoirement lors du développement de produit et avant sa mise sur le marché.
La loi oblige la marque à demander une analyse toxicologique à un expert dans ce domaine en lui donnant accès à des documents confidentiels comme la formule, ou de la documentation sur les matières premières, et les tests qui ont été faits sur le produit fini comme les tests d’irritation cutanée ou irritation oculaire, par exemple. 📎 L'épisode 13 aborde les différents tests effectués sur les cosmétiques.
Cet expert a ainsi toutes les clés pour évaluer l’innocuité du produit, il est indépendant et signe en son nom. Il prend une certaine responsabilité.
3. Mes recommandations
Ma première recommandation, c'est de ne pas avoir peur de vos cosmétiques car ils ont été largement testés et étudiés avant d’arriver entre vos mains.
Ma seconde recommandation, c'est d’utiliser une application comme Claire, qui ne note pas les ingrédients mais donne une description de ceux-ci. Elle vous permettra d’en savoir plus sur leurs utilités dans les cosmétiques et leurs bénéfices peau. Cette application fonctionne en prenant en photo la liste des ingrédients, elle peut avoir des limitations techniques (ingrédients oubliés ou mal interprétés).
Elle est éducative et ne surfe pas sur le marketing de la peur. Elle a été développée par des experts en cosmétique qui sont la FEBEA (la Fédération des Entreprises de la BEAuté) et la SFC (la Société Française de Cosmétologie).
Elle ne remet pas en question la sécurité du produit qui a dû être évaluée par un toxicologue mais elle indique les bénéfices connus des ingrédients. Encore une fois, l’application ne connait pas les concentrations, elle ne peut pas affirmer que le produit fini contient une quantité suffisante de la matière première pour bénéficier des avantages de l’ingrédient. Elle ne remet pas en cause le travail du toxicologue et met à disposition les informations les plus objectives sur les ingrédients. C’est pourquoi, c’est la seule application que je recommande.
Suis-je objective en tant que fondatrice de Mastel ? Oui, tout mon contenu est purement objectif ! D’ailleurs, les soins Mastel sont notés 100/100 sur Yuka, donc je n'ai aucun intérêt à déconseiller l’application, au contraire. D’un point de vue scientifique, je ne fais pas confiance aux applications mobiles pour noter / évaluer la sécurité d’un produit cosmétique. |
Vous avez loupé les derniers épisodes ? Jetez un œil sur l'épisode 32 - Les solutions contre le greenwashing ou les 5 astuces pour expert de crème solaire.
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