Podcast : Épisode 32, quelles solutions contre le greenwashing ?

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Résumé de l'épisode :

  • Qu'est ce que le greenwashing et pourquoi existe-t-il ?
  • Deux solutions contre le greenwashing : la certification COSMOS et l'Analyse de Cycle de Vie.

 

LE GREENWASHING

Le greenwashing est un sujet qui revient beaucoup dans le monde de la cosmétique. Cet article va expliquer ce qu'est le greenwashing et comment ne pas tomber dans les piège de cette technique marketing frauduleuse. Cela s'articulera autour de plusieurs parties, d'abord un exemple de greenwashing, puis ce qu’est l’analyse de cycle de vie et enfin comment l’analyse de cycle de vie combat le greenwashing.

 

1. QU'EST-CE QUE LE GREENWASHING ?

C'est les techniques de communication de certaines marques peu scrupuleuses laissant penser que le produit est éco-conçut alors qu’il ne l’est pas.

champs labouré et champ planté, montrant un contraste important.

Le terme vient de l’anglais ou green veut dire vert et whitewashing veut dire blanchiment ce serait donc un blanchiment vert ou écoblanchiment.

 

2. QUEL EST L’INTÉRÊT POUR LE MARKETING ?

Le consommateur français est de plus en plus engagé pour l’environnement dans sa consommation.
L’engagement sincère de certaines marques pour l’environnement est aujourd’hui un argument de poids pour que le consommateur passe à l’acte d’achat. Cependant l’écoconception est généralement plus longue, plus coûteuse et plus challengeante.

Certains marqueteurs vont donc laisser penser que le produit a été éco-conçu pour profiter de l’attrait de certains clients sans pour autant mettre les moyens humains, technique et financier pour développer leur produit de manière durable.


3. UN EXEMPLE DE GREENWASHING ?

Un exemple, c'est la mention sur l’avant d'un tube “crème à l’abricot français bio” alors que la crème ne répond pas au standard bio ou n’est ni même français. C’est trompeur, en effet la revendication bio et française se réfère uniquement à l’abricot et non au produit fini, alors qu’elle est clairement écrite sur l’avant du tube.

Un autre exemple, cela serait une marque qui a un nom évoquant le naturel ou le bio alors que les produits ne le sont pas. S’il y a des illustrations de plantes, de nature sur l’emballage cela ne veut pas non plus dire que le produit fini donc le cosmétique en question est naturel. Un emballage en papier kraft ou un accessoire éthique ne sont non plus pas gage d’engagement. Aussi attention, si une marque a quelques produits certifiés naturels ou bio cela ne veut pas dire que tous ses produits le sont. La certification bio est délivrée au produit et non à la marque.

LA PREMIÈRE SOLUTION : LA CERTIFICATION BIO COSMOS

On peut se fier aux labels bio qui sont reconnus dans l’industrie, qui ont une charte exigeante derrière pour s’assurer que le produit est effectivement engagé (pour mieux connaître le standard COSMOS, il y a l’épisode 18).

cosmos ecocert

C’est un standard qui a deux certifications : une certification naturelle et une certification bio. Les organismes certificateurs comme Ecocert ou Cosmebio revoient les formules des produits et leurs emballages pour délivrer la certification.
Cela va bien au-delà de ce que le consommateur peut analyser seul car ils ont accès à des documents confidentiels comme la formule du produit par exemple.

Ils sont également en lien avec les fournisseurs de matières pour avoir accès au procédé de fabrication et s’assurer que chaque matière a été faite un suivant un procédé de fabrication aussi vert que possible.

efficacité cosmos, certification bio

C’est la grande force de COSMOS car ils délivrent la certification aux produits finis mais également aux matières premières, ils ont une vision globale du produit. Repérer une certification COSMOS est donc une première solution pour éviter le greenwashing.

Cependant, si votre produit n’a pas de certification, pas de panique, ça ne veut pas dire qu’il est forcément plus impactant pour l’environnement. Cela veut surement dire que la marque n’a pas investi financièrement et humainement dans la certification. Une certification coûte chère et prend beaucoup de temps. C’est un coût annuel donc récurant en plus et ils demandent énormément de papier pour tout vérifier et donc c’est beaucoup d’administratif / contrôle qualité à faire pour une petite structure.

Personnellement, je trouve que c’est une belle preuve de qualité pour le consommateur c’est pourquoi j’ai voulu investir pour les produits Mastel afin que les soins soient certifiés bio selon le standard COSMOS. Je ne dis pas que les produits bio sont bien meilleurs pour tout le monde, et que tout le monde devrait acheter du bio.

J’ai aimé sélectionner des matières premières qui viennent d’une agriculture biologique qui raisonne avec moins de pollution des eaux, moins de pollutions des sols et une meilleure biodiversité des champs. Malgré cela toutes les matières ne sont pas bio dans un cosmétique certifié bio. Il faut juste avoir pleinement conscience de ce que l’on achète et ne pas donner son pouvoir d’achat à un produit, une marque qui ne répond pas à nos attentes ou même qui nous trompe volontairement.


LA SECONDE SOLUTION : L'ANALYSE DE CYCLE DE VIE

Une très bonne solution contre le greenwashing, c’est solliciter une agence environnementale pour effectuer une analyse de cycle de vie (ce que nous avons fait pour les produits Mastel). L’analyse de cycle de vie, que vous m’entendrez peut-être appeler ACV, se fait sur tout le cycle du produit, donc elle est multi-étapes.
Elle va prendre en compte, la conception, l’extraction des matières premières, la fabrication, le transport, l’usage et la fin de vie du produit. Fin de vie d’un produit, c’est un terme qui sonne un peu bizarre, ça veut dire que la recyclabilité du produit est prise en compte, où finit-il quand on le jette à la poubelle, peut-on le valoriser ?

L’ACV c’est une méthode reconnue et standardisée, c’est-à-dire que les résultats seront les même si c’est l’agence A ou l’agence B qui fait l’analyse.

comparaison CO2 émission et consommation eau analyse de cycle de vie cosmétique

C’est également une analyse multicritère. Car l’analyse prend en compte différent impact environnemental comme la quantité de CO2 relarguée au cours de la vie du produit donc qui va avoir un impact sur le changement climatique, ou la quantité d’eau utilisée, l’acidification ou l’eutrophisation de l’eau qui ont tous les trois un impact sur l’empreinte eau. Le but c’est que si on essaie de diminuer l’impacte de son produit en changeant ou en adaptant le développement, on ne fasse pas un transfert d’impact qui n’aurait pas de sens.

Préférez-vous sauver une feuille de papier pour lutter contre la déforestation si c’est au détriment de la pollution de tous les océans ?

COMMENT SE TRADUIT L'ANALYSE DE CYCLE DE VIE ?

C'est un rapport qui va quantifier l’impact de chaque étape du cycle de vie du produit sur différents critères environnementaux choisis.

Les résultats les plus parlants sont disponibles sur le site internet mastelcosmetics.com, sur la page produit dans l'onglet "Garantie Écoresponsable". En revoyant, les résultats de notre ACV, j’ai été surprise de constater que la culture du jojoba et du karité avait un fort impact sur l’écotoxicité.

Une matière première décriée dans l’industrie cosmétique et alimentaire d’ailleurs, c’est l’huile de palme. On peut également questionner l’impacte de l’huile de palme parce qu’on sait que sa production entraîne la déforestation. Si les différentes industries l’utilisent autant, c’est parce qu’elle a un meilleur rendement que les autres huiles. Il faut moins de palmier pour produire la même quantité d’huile qu’il en faudrait pour produire de l’huile de coco par exemple. Un seul hectare de cocotiers permet la production de 0,7 tonne d’huile de coco, tandis qu’un hectare de palmiers à huile produit 3 tonnes d’huile de palme.

huile de palme, issue de le palmier

Lorsque les producteurs de matières premières ont besoin de matière grasse pour produire leur matière première comme les tensio-actifs, ils se tournent plus facilement vers l’huile de palme car la culture a un meilleur rendement et nécessite beaucoup moins d’arbres pour les mêmes résultats.

LE BUT DE L'ACV POUR UNE MARQUE

Le but de l’analyse de cycle de vie est de connaître les matières premières ou les étapes de cycle de vie du produit qui ont le plus gros impact et quelles sont les solutions qui permettraient de les diminuer. C’est un outil qui prend tout son sens durant le développement, il est ainsi possible de faire des choix plus éclairés. Parr exemple, on sait exactement que le choix B permet de diminuer de 20% la quantité d’eau utilisée par rapport au choix A.

Lors du développement de notre huile, on a fait des essais avec différents agents nettoyants.
Oui, parce que l’huile est une huile 3-en-1 qui démaquille, nettoie le visage et nettoie la barbe. Elle contient donc une combinaison de différents agents nettoyants. Ces agents nettoyants permettent également que l’huile s’émulsionne, donc se transorme en lait lors du rinçage, pour éviter tout fini gras. Ces agents nettoyants, comme toutes autres matières premières ont un impact sur l’environnement. Donc on a fait les essais avec différentes combinaisons d’agents nettoyants, et aujourd’hui on est capable de dire que celle que nous avons choisie a un impact plus faible que celle choisie initialement.

L’INTÉRÊT DE L'ACV POUR LE CONSOMMATEUR

Pour le consommateur, l’analyse de cycle de vie est la meilleure preuve de l’engagement de la marque pour l’écologie car c’est une analyse qui n’est pas obligatoire. Elle est chère (plusieurs milliers d’euros par produits) et est d’ailleurs très innovante en cosmétique. On était la première marque cosmétique à travailler avec notre agence environnementale !

Après la remise du rapport, si la marque, est transparente, elle peut donner des résultats quantifiés de son analyse de cycle de vie aux consommateurs. Ce qui leur permet de connaître en toute transparence l’impact du produit, et de le comparer avec un produit comparable. Ne comparez pas une crème avec un shampoing par exemple car l’utilisation n’est pas la même, donc c’est normal que les impacts soient différents également. Encore une fois, vous pouvez voir sur notre site internet les résultats, comme la consommation en eau et les émissions CO2 de nos produits.

résultat analyse cycle de vie avec émission de CO2 et consommation de litre d'eau par produit

 

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ÉCRIT PAR
JULIE MAGAND CASTEL

Chimiste dans l'industrie cosmétique depuis plus de 5 ans et diplômée du Master Matières Premières Naturelles en Cosmétiques de l'ISIPCA, Julie est une experte en développement de produits cosmétiques naturels.